Ceci est une ancienne révision du document !


L'enfant surdoué

Caractéristiques

Comparatif enfant scolaire versus enfant surdoué.
Caractéristiques des jeunes à haut potentiel.
Caractéristiques fréquemment rencontrées chez les enfants surdoués : 1)

Caractéristique% des enfants surdoués
Curiosité intellectuelle 99
Dialogue avec les adultes 94
Camarades plus âgés 88
Sensible à l'injustice 87
Humour 86
Hypersensibilité 86
Sens critique 83
Intérêt pour grande question 82
Frustration 82
Sincérité 76
Intérêt pour jeux compliqués 76
Impatience 74
Énergie 72
Fragilité affective 69
Capacité d'attention 66
Rêveur 64
Générosité 60
Manque d'estime de soi 55
Individualisme 53
Isolement 53
Créativité 53
Originalité 51
Idéaliste 50
Capricieux 50
Optimisme 48
Sens esthétique 43
Modestie 38
Égalité d'humeur 30
Leader 29

Autre caractéristique, étudiée par Jean-Charles Terrassier : la dyssynchronie

Dépistage

Age pré-scolaire

Scolarité

Difficultés scolaires

Dans de nombreux cas, les notes de l'enfant surdoué sont très bonnes dans les petites classes, puis reviennent à la moyenne, voire s'effondrent complètement lors de la préadolescence ou de l'adolescence. Les causes peuvent être multiples :

Isolement, ennui

L'ennui en classe provient :

  • d'un rythme d'acquisition très rapide : ils peuvent saisir instantanément ce qu'on leur propose, et ne jamais y revenir. Certains donne l'impression de réinventer, par exemple les mathématiques.
  • d'une mémoire parfois exceptionnelle : certains sont premier de la classe sans jamais avoir ouvert un livre scolaire.2)

Etre la tête de turc de la classe

Témoignage :

“En cinquième ça a été pire, car à ce moment là, la classe s'est réellement retournée contre moi d'un seul bloc, du moins le ressentais-je ainsi. Comme une meute de chiens autour d'une proie, et qui attend le premier faux pas…les rires discrets, chaque fois que je prenais la parole. Les regards railleurs. Et les autres petites mesquineries…le fait d'être mise à l'écart, systématiquement, en cours ou ailleurs; mes dessins, pris dans mes affaires et rendus déchirés ou couverts d'inscriptions injurieuses, de gribouillis; mes stylos volés, abîmés; mes livres cachés ici et là…c'est idiot, mais plus que les moqueries, disons, verbales, c'étaient ces petites choses qui me faisaient le plus mal. J'ai essayé de jouer les “caméléons” cette année là. Je n'ai plus rien fichu, j'ai fait en sorte d'avoir des notes très moyennes. Pour ne plus être la cible de la classe.”3)

File : Humiliations à l'école

Le changement d'école est souvent une solution à ce type de problème.

Désir de conformisme, d'intégration

Témoignage :

“A l'école, je n'aimais pas les profs. J'ai toujours aimé apprendre. Mais, lisant ce que je reflétais dans les yeux des autres, j'ai décidé de changer mes comportements dès mes débuts à l'école primaire. C'est alors que j'ai commençé à vivre selon les attentes des autres. Je voulais être celui qu'ils voulaient que je sois. Pareil pour mes parents. C'est là que mon travail d'analyse a commençé. Je commençais chaque année scolaire en spectateur, j'observais tout. J'adaptais ma mon travail scolaire à la composition de la classe. Quand la classe était composée de bons élèves, je montrais que j'étais meilleur qu'eux. Quand j'étais dans une classe majoritairement composée de cancres, j'étais un cancre à mon tour (dans les limites de l'acceptable pour moi et pour mes parents).”4)

Hostilité d'un professeur

Témoignage :

“En CE2, ça a commencé à se gâter. A ce moment-là, la prof m'a littéralement pris en grippe. Reléguée au fond de la classe, je commençais de plus à découvrir qu'à l'école, on s'ennuie et on n'a rien à faire quand nous avons fini et pas les autres - il faut savoir que jusqu'au CE1 j'étais en “double niveau”. Et quand je m'ennuyais, je tendais l'oreille et écoutais les cours des CE1 ou CE2 ! Donc, ce professeur ne m'a pas lâché d'une année … avec elle, je n'ai plus rien fait. Du tout … J'ai toujours marché à l'affectif et en plus, elle m'a mis dans la tête l'idée que j'étais une élève insolente et peu soigneuse.”5)

Atteinte narcissique

Extrait du texte Que sont les enfants doués devenus ? de Arielle Adda :

Le cas le plus dramatique, et malheureusement le plus fréquent, est bien celui de l'enfant doué qui a été en échec scolaire et qui n'a jamais pu remonter la pente. Cet échec vient insidieusement durant le parcours scolaire classique de l'enfant doué : dans le Primaire il n'a pas eu besoin de travailler, il écoute à peine la maîtresse, qui a dû répéter dix fois la même chose, il lui suffit d'une seule fois pour comprendre la leçon et pour la retenir, il lit ses livres à toute vitesse et sa mémoire, qui fonctionne à la perfection, lui permet de répéter mot à mot une leçon juste parcourue. Il ne cherche pas à être le premier, il lui suffit de se maintenir à un niveau de réussite satisfaisant, sans fournir le moindre effort. Abusé par sa facilité, l'enfant doué ne voit pas venir les premières difficultés : dès la 6ème, des failles apparaissent, mais on les pense accidentelles et on ne cherche pas à aider cet enfant brillant, en 5ème, les failles s'élargissent et en 4ème, c'est l'effondrement. Pour éviter cette chute dramatique, il faut donner à l'enfant des méthodes de travail dès les premiers signes de désarroi. L'optimisme n'est pas de mise en pareil cas.

Pour l'enfant doué, il s'agit d'une catastrophe, qui le frappe de stupeur : il lui semble être la victime d'un maléfice qui le rend impuissant, ce serait comme une maladie foudroyante, qui l'aurait atteint brutalement, le laissant privé de dons ; il possédait un trésor et il ne lui reste qu'un peu de poussière sur les doigts, sans qu'il sache comment cet or s'est transformé et surtout sans comprendre comment il aurait dû agir pour le garder ; ce choc le laisse dans un état de désespoir absolu. Comme il n'a jamais acquis la moindre technique de travail, qui lui aurait permis de surmonter les premières difficultés, il plonge, sans pouvoir se rattraper ; il peut lire dix fois une leçon, ou même vingt fois, il ne la retient pas, parce qu'il ne sait pas comment procéder, et on le voit rester des heures devant son livre ouvert, rêvant en apparence, luttant en fait contre un effroi glacial, puisque sa mémoire si bonne a disparu. Il est pétrifié d'horreur, épouvanté, il ne sait comment réagir et il en ressent une douleur tellement intense, insupportable, qu'il commence déjà à en refouler les symptômes ; afin d'apaiser cette souffrance intolérable, il va s'appliquer à s'accommoder de son nouvel état, il va bien lui falloir vivre avec cette sorte de paralysie, mais il ne veut pas savoir comment c'est arrivé, il va s'empresser d'oublier ce moment où ses espoirs se sont fracassés, où ses rêves d'avenir ont sombré pour toujours. Il peut même affecter l'indifférence ou bien reconnaître qu'il en est responsable, pour ne pas perdre la face, il en rajoute ; “l'école, ce n'est pas mon truc !”, afin de masquer sa terreur et son abattement. Il bascule dans un néant grisâtre où il va devoir vivre désormais, loin des rêveries éclatantes qui l'avaient accompagné jusque là. On peut penser que certains ne se sont jamais remis du choc éprouvé à ce moment et ils vivent comme en surface d'eux-mêmes, préférant ne pas se pencher sur leur propre histoire, comme s'ils avaient glissé dans un gouffre aux parois trop lisses, impossibles à remonter ; mieux vaut se désoler dans ce fond embourbé, plutôt que de tenter une sortie, il n'y a pas d'issue et on retombera, encore plus endolori qu'avant, à cause de l'étincelle d'espoir qui avait fugitivement brillé tout là-haut. Oublier cette chute, essayer de la rationaliser, chercher des compensations, toutes réactions logiques, mais de peu d'effet sur une telle atteinte de soi.

Troubles du comportement

Cette section a pour source principale une étude sur 20 ans réalisée pendant les années 60 et 70 sur plus de 140 enfants surdoués de 7 à 14 ans en internat psychothérapique6).

En famille

Perturbations aux niveaux archaïques du développement de la personnalité

Etats prépsychotiques, dysharmonies d'évolution de la personnalité.

Troubles de l'affectivité au niveau prégénital
  • enfants abandonniques
  • enfants immatures
  • enfants présentant une inhibition affective avec blocage de l'évolution affective
  • troubles graves de l'affectivité
Etats névrotiques
  • éléments névrotiques
  • états névrotiques (de structure oedipienne, de type phobo-obsessionnels, complexe de castration)
Névroses

de structure oedipienne, de caractère, d'angoisse, de type phobo-obsessionnelles

Troubles réactionnels
  • à la structure ou à l'ambiance familiale
  • à la névrose de l'un des parents
  • à une incompatibilité d'humeur
  • à une structure particulière : organicité, caractère fort
  • au rejet ou à l'incompréhension de l'école
Syndromes majeurs présentés
  • instabilité psychomotrice – TDA/H (fréquent)
  • intériorisation, qu'il s'agisse de tristesse, d'anxiété, de rêverie, d'autisme, avec parfois des tendances suicidaires
  • troubles du sommeil
  • troubles de l'humeur : agressivité, jalousie, opposition, intolérance à la frustration
  • troubles de l'appétit : anorexie, boulimie, obésité
  • énurésie, encoprésie
  • tics, bégaiement, etc

A l'école

  • retard scolaire global ou portant sur une matière
  • dyslexie, alexie
  • dysorthographie (fréquent)
  • dyscalculie (rare)
  • troubles du langage
  • dyspraxie visuo-constructive7)

Troubles qui sont cause de retard scolaire

L'inhibition intellectuelle

Très fréquente, elle peut être confirmée par les tests de QI8). Les écarts sont parfois considérables avant et après scolarisation adaptée :

  • André : avant, QI de 119 pour QI de 178 après (+59)
  • Florence : 106 pour 136 après 9 mois de scolarité adaptée
  • Bernard : 88 pour 137 (était considéré comme arriéré)
  • Sylvie : 101 pour 140 (venue pour “obtusion intellectuelle”)
  • Bernard : 119 pour 151 (refusé à l'entrée en 6ème pour “peu de moyens”)

Sur ce sujet, voir Le complexe de l'albatros : L'inhibition intellectuelle chez l'enfant intellectuellement précoce

L'inhibition se lève aussi facilement qu'elle s'installe. Cette possibilité énorme de récupération engage la responsabilité des enseignants, éducateurs, thérapeutes appelés à s'occuper d'eux.

L'inappétence scolaire

Associée parfois à l'anorexie mentale : l'enfant a perdu tout appétit d'apprendre.

“Pour illustrer l'anorexie intellectuelle, évoquons enfin le cas de Jacqueline chez qui le symbolisme oral foisonne. Hospitalisée de deux à six mois pour toxicose avec troubles digestifs graves, Jacqueline fera toujours l'objet de conduites rigides concernant l'alimentation de la part de parents très anxieux. Anxieuse elle-même, mal dans sa peau, très instable en classe, l'institutrice l'attache avec une ficelle à sa chaise et, trouvant qu'elle parle trop, lui met du sparadrap sur la bouche ! On lui reproche de lire trop vite et « d'avaler » la moitié des mots. Pas étonnant dans ces conditions que Jacqueline développe une inappétence scolaire et accuse un retard. Lors de son admission, elle présente une problématique anorexique sur tous les modes, y compris intellectuel, en réaction à une mère pathogène. Le seul « sevrage » maternel par le biais de l'internat lui permettra de réinvestir son intellect (Q.I. de 140) et de rattraper son retard, devenant quasi boulimique envers la scolarité : à tout hasard, note son instituteur, elle apprend tout par cœur. Plus tard, elle obtiendra un Bac C et une Licence de Chimie.”9)

Le désintérêt scolaire

C'est la manifestation la plus ennuyeuse et la plus difficile à corriger.

La névrose d'échec

L'enfant éprouve une sorte d'angoisse à réussir. Il pense qu'il va déplaire en étant le premier.

Philippe : “Je suis heureux d'être le principal souci de ma mère”. Il s'ingéniait à ne pas travailler en classe pour ne pas lui déplaire.10)

Autre cas : “Telle mère n'a jamais voulu que son fils, très doué, saute une classe, parce qu'on l'avait, elle-même, trop poussée à son gré et qu'elle en gardait un mauvais souvenir. En conséquence, son fils se freinait, ne s'autorisant jamais à aller au bout de ses possibilités et finissait par être lassé de tout, rien ne l'attirait, il ne désirait rien. Il était contraint, replié sur lui-même. Quand il a compris qu'il pouvait s'autoriser à exprimer ses désirs, il s'est épanoui sur-le-champs, comme une plante longtemps assoiffée et enfin abreuvée.”11)

La phobie scolaire

Refus total d'aller en classe, refus physique.

Sectes

Il faut signaler que certaines sectes, sous le couvert de dépistage gratuit d'enfants précoces, profitent de la crédulité de parents inquiets pour leur proposer des stages faisant passer des enfants hyperactifs, autistes, dyslexiques, mentalement déficients ou angoissés pour des surdoués « incompris ». Ils les prétendent « capables de communiquer avec l'au-delà » ou « descendants de dieux ou d'extra-terrestres ».

C'est le cas du mythe des enfants sentinelles, indigos, ou arc-en-ciel, véhiculé par exemple par le mouvement ufologique Kryeon, épinglé par le Rapport 2003 de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Cette utilisation du mythe de l'enfant roi à des fins manipulatrices peut être très dangereuse, tant pour l'entourage de l'enfant que pour l'enfant lui-même12).

Annexes

Articles connexes

TDA/H – Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité
Dabrowski, notamment les hyperstimulabilités
AEP 95 – une école pour enfants précoces
L'adulte surdoué

Liens externes

Scolarité

Bibliographie

Mots clés

Notes et références

1) Enquête auprès de l'Association d'Aide à la Reconnaissance des Enfants Intellectuellement Précoces (AAREIP) à propos de 86 enfants dont le QI était supérieur ou égal à 125, A.N.A.E. (Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant), n°67, 2002, p125 à 131
2) , 6) , 10) article de Geneviève Prat : “Vingt ans de psychopathologie de l'enfant doué et surdoué en internat psychothérapique”, revue NEUROPSYCHIATRIE DE L'ENFANCE ET DE L'ADOLESCENCE, 27e année - Numéro 10-11 - Octobre-Novembre 1979, Les surdoués, Expansion Scientifique Française, 1979, in-4, 60 pages.
3) , 5) Présentation de Asaka – il y a de très nombreux témoignages de ce genre dans la section présentations du forum
4) Présentation de Kidwist – il y a de très nombreux témoignages de ce genre dans la section présentations du forum
8) Tests de QI utilisés dans cette étude : WISC et Terman-Merrill
9) Le complexe de l'albatros : L'inhibition intellectuelle chez l'enfant intellectuellement précoce. Docteur Alain GAUVRIT, 2001
11) Arielle Adda, article Une expérience de trente ans…, A.N.A.E. (Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant), n°67, 2002, p137 à 140
12) Surdoué, section “Exploitations abusives du mythe”
Imprimer/exporter
Partager cette page